Anecdotes & contes
Anecdotes
Et plus que l’air marin, la douceur angevine La menotte de mon petit fils bien calée dans ma main, nous arpentons, comme chaque jour, les rues étroites du vieil Angers en direction de l’école. Sur notre itinéraire, des édifices datant des siècles antérieurs, château du Roi René, Cathédrale St-Maurice, maison d’Angers dite « Adam » qui absorbent mes pensées alors que mon petit enfant me réclame son ticket de cantine. Subitement, le mot « cantine » produit en moi un saisissant contraste qui me propulse à ma propre enfance et la cantine de l’école de La Marine, place Emerat que je ne fréquentais pas, mais dont j’essaie de restituer, malgré tout, les clichés enfouis en ma mémoire.Située sous le préau, elle était constituée à la hâte avant midi de quelques tables et bancs ; à proximité, se trouvait une rangée de robinets surmontant une longue cuvette en pierre, dans laquelle, à l’issue du repas, les élèves y lavaient leur écuelle métallique ; la nourriture était contenue dans de grandes marmites en aluminium.Malgré les efforts pour égrener mes souvenirs, les images s’effacent inexorablement, pour faire place à un visage : celui de mon camarade de banc de classe ; quotidiennement, son manque de petit déjeuner se manifestait par des gargouillements intempestifs allant crescendo à l’approche du repas de midi. Après tant d’année écoulées, sa fébrilité et son engouement excessif pour la cantine provoquaient dans mes pensées l’émergence d’un mot longtemps oublié : INDIGENT. En remémorant ces faits, c’est l’esprit troublé que j’ai donné le ticket de cantine à mon petit fils.
Joseph RIHET
"Je me souviens...
Une des missions de nos instituteurs était de nous faire apprendre par cœur les départements français, avec préfecture et sous-préfectures ; ils avaient pour cela comme support pédagogique une carte de France « parlante » sur une face, « muette » sur l’autre ; gare à celui qui restait sans voix devant la « muette » !!!! Un jour, Mr Alcaydé, le directeur de l’école des garçons de la place Emerat, avait retenu entre 11h et 12h certains élèves, dont je faisais partie, ayant quelques lacunes en la matière ; pendant que nous, pauvres ignorants, révisions nos maigres connaissances, celui-ci s’installa sur son bureau et, sans se soucier de notre présence, se mit à manger le repas que son épouse, institutrice chez les filles, lui avait apporté en raison de l’heure ; inutile de vous raconter la suite en rentrant morts de faim à la maison bien après que les cloches de St Louis aient sonné les douze coups de midi…….. Toutes ces pensées demeurent intactes en ma mémoire. Nous étions certainement la dernière génération à avoir vécu des jours paisibles à La Marine. Loin de la destinée qui allait être la nôtre, nous étions alors une communauté humble, insouciante et heureuse. Aussi gageons de nous retrouver encore quelques années pour poursuivre et partager cette amitié chaleureuse et indélébile." Raphaël PASSARELLI
Humour insolite & macabre « Gai, gai l’écolier, c’est demain les vacances, Gai, gai l’écolier, c’est demain les congés ».
Nous entonnions cette chanson à gorge déployée, dans la cour de récréation de l’école de la Marine, afin de marquer la fin de la scolarité dans les derniers jours du mois de juin ; c’était notre « hymne à la joie » en quelque sorte. A cette époque de fin de classes, Mr ALCAYDE, le directeur, conviait des artistes pour présenter leur numéro sous le préau ; trois d’entre eux ont capté, en leur temps, mon attention et inspiré les commentaires suivants : - en premier lieu, un numéro de chiens savants qui m’a toujours laissé admiratif par rapport aux performances des « péros tontos » du quartier, dont, seul, l’instinct les faisait détaler devant la lanière au nœud coulant du garde de la fourrière municipale ; - le second, il s’agit d’un cow-boy avec son lasso qui, malgré sa dextérité à le faire tournoyer autour de son corps, était certainement moins habile que le mousaillon manipulant les cordages du lamparo au large de la « cueva del agua ». - le troisième enfin, l’artiste et sa scie musicale qui, par vibrations, produisait des sons mélodieux ; je ne pouvais alors m’empêcher, en me rendant à mon domicile par la rue de l’Arsenal, de contempler, songeur, le regretté « Zizouette », menuisier de son état, l’imaginant, dans la pratique de son labeur, en virtuose de la scie musicale lors de la fabrication des cercueils." Joseph RIHET
Un Calbote
"Un jour, dans la cour de l’école, je me suis fait réprimander par mon instituteur, Mr Cazalet ; ce dernier , de surveillance pendant la récréation , m’interpella alors que je cherchais querelle à un autre élève, étant depuis tout jeune quelque peu bagarreur . Devant mon attitude provocante à son égard, Mr Cazalet me donna alors un bon « calbote » qui me laissa pantois ; surpris, ma réaction fut instantanée : « je vais le dire à mon père pour qu’il vienne te casser la gueule ». Ce qui fut fait en fin d’après-midi , dès son retour du travail . ce soir-là, que Mr Cazalet était un ami d’enfance pour lequel il avait une grande estime . Comme lui, il était originaire des bas quartiers, mais, de par son désir de réussir et sa volonté à « bûcher » plus que les autres , il était devenu « maestro d’escuela ». Il me précisa également que, souvent après les cours, Mr. Cazalet allait aider son papa qui tenait un dépôt de vins près de la place de la République, non loin des services de l’E.G.A ( Electricité et Gaz d’Algérie ). A ses yeux, Mr Cazalet représentait l’exemple à suivre… Il est vrai que cet enseignant a marqué de son empreinte la vie scolaire de bien des enfants de la Marine ; sa stature imposante, son port altier, sa voix particulière et ses méthodes d’enseignement, aussi appréciées que craintes parfois, demeurent vivaces dans toutes les mémoires d’élèves ; il était aussi bien aimé que détesté, car selon les comportements des uns ou des autres, il alternait les compliments ou les « trompazos ». Je suis cependant persuadé que chacun garde de lui la meilleure image, celle d’un instituteur qui avait la flamme et savait la transmettre. La Marine était un gros cœur qui battait au travers de ses habitants." André SALMERON
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