Actualités - Journal de L'A.E.E.M.O


Conte de Noël - R.MATEO

dimanche 23 décembre 2012 à 15h32

Conte de Noël - R.MATEO

CONTE DE NOÊL

Bonjour à tous
Je profite de l'occasion du CONTE DE NOÊL - "sujet porteur" par excellence, habilement suggéré par René - pour vous narrer à mon tour ce NOËL de 1955, si ma mémoire est bonne.

Pourquoi 1955 ? Parce que c'était exactement douze ans auparavant, en Décembre 1943 qu'était décédé le fameux pianiste de Jazz FATS WALLER, très connu à l'époque et de nos jours, chose que j'ignorais et dont j'ai fait le rapprochement par la suite, car né moi-même début 43.

Mais quelle relation avec NOËL ? Nous y voilà !
Tout petit déjà, j'étais fana de musique, quelle qu'elle soit, et nous écoutions très souvent la radio en famille à cette époque, car pas de télé pour nous distraire autrement.

Mes frères ainés Isidore et Roger - Dominique étant déjà parti en Métropole pour tenter sa chance dans le football professionnel - avaient chacun leurs émissions préférées, que nous partagions avec nos parents lorsqu'il s'agissait d'écouter la famille Duraton ou autres feuilletons populaires de l'époque

Conte de Noël - R.MATEO

dimanche 23 décembre 2012 à 15h31

Mais c'est surtout la musique qu'ils écoutaient en début de soirée, dès qu'ils arrivaient du travail, et notamment la musique de Jazz, qui faisait fureur en France après-guerre, et qui était très présente sur les ondes radio que l'on captait très bien depuis l'Algérie.
Ce style musical plaisait énormément à la jeunesse Pied-Noir, étant surtout utilisé dans les surboums, et que quelques orchestres de renom comme Jacques Hélian ou Ray Ventura interprétaient lors de leurs multiples tournées sur notre sol natal.

Moi, tout petit, j'écoutais sans en avoir l'air tout ce qui passait à portée de mes oreilles et retenais sans trop d'efforts tous les tubes musicaux de l'époque...en faisant mes devoirs sur la table de la salle à manger, tout près du poste.

Notre poste DUCRETET-THOMSON avec son diapason doré en façade était - pour moi - une pure merveille, et je poussais souvent avec délice à gauche ou à droite le curseur "double fonction" qui se transformait en molette pour atteindre avec précision la fréquence voulue. Les noms des plus grandes villes du monde entier apparaissaient sur le long écran lumineux avec sa vitre bombée: Paris, Londres, New-York, Madrid, Varsovie,
Lisbonne, Hilversum, New Delhi etc...et je cherchais à situer toutes ces capitales sur le Grand Atlas.. Un moyen d'apprendre la Géo sans s'en rendre compte.
Mon attention redoublait lorsque démarrait l'émission de Jazz du Hot Club de France, de Daniel FILIPACCHI, reconnaissable à son indicatif qui me "scotchait" littéralement au poste, et dont je ne connaissais même pas le titre : un départ avec un solo de trompette de huit mesures sans aucun autre instrument, alliant dextérité, précision et sonorité, puis le thème démarrait.

Conte de Noël - R.MATEO

dimanche 23 décembre 2012 à 15h28

Suite...

Suivaient sept ou huit thèmes dont Daniel donnait les titres et les noms des interprètes, avec un commentaire précis pour chacun d'entre eux, et....j'attendais la fin de l'émission pour réécouter cet indicatif. Ouf!
Au bout de quelque temps, j'enquiquinais tellement mes frères avec mes questions sur ce morceau de musique qu'ils me menacèrent de m'envoyer dans la chambre faire mes devoirs, au lieu de faire semblant de travailler. Je n'insistai plus...

Tout redevint normal, et le même scénario se renouvela de semaine en semaine sans aucune réaction de ma part.

NOËL approchait à grands pas, et je ne me souciais pas vraiment du ou des cadeaux que je pouvais avoir, priant cependant que Thérésa, la cousine de ma mère, veuille bien me "faire" son Noël habituel: le dernier album de SPIROU, avec les Marsupilami, Buck Danny, Les belles Histoires de l'Oncle Paul, etc que je rangerais dans ma collection... après l'avoir lu au moins trois fois.

Les gamins que nous étions à l'époque acceptaient tous les cadeaux, aussi modestes soient-ils, et je trouvais à chaque fois les miens rangés devant la Crèche, qui servait déjà pour mes frères. Je participais toujours minutieusement au montage quelques jours avant Noël, en étalant toutes les pièces contenues dans une vieille valise en bois dans la salle à manger, au grand dam de Maman, qui avait du mal à circuler.

Conte de Noël - R.MATEO

dimanche 23 décembre 2012 à 15h24

suite...

Ce matin de Noël, je fus réveillé très tôt par une musique que je connaissais par coeur, et qui provenait- assez bruyamment - de la salle à manger: l'indicatif du Hot Club de France, mais....pas à l'heure habituelle.

Je me précipitai depuis ma chambre dans la pièce et là, merveille des merveilles, un tourne-disque TEPPAZ branché sur notre bon vieux poste radio débitait le thème à partir d'un microsillon 33 tours posé sur la platine, sous les yeux goguenards de toute la famille...

Ce cadeau, inattendu, que je pourrais qualifier de "collectif", préparé à mon insu sans que personne ait vendu la mèche, a été pour moi le début de mon apprentissage musical, et en particulier du JAZZ.

Mon père disait souvent en rentrant dans la maison - et çà me fait rire encore- "allez, encore une Rondelle Américaine" en parlant des disques Américains qui défilaient sans cesse. Heureuse Epoque..

Le thème joué dans l'indicatif du hot Club de France était: CORNET SHOP SUEY interprété par....le grand Louis ARMSTRONG avec son orchestre Hot Five, l'enregistrement datant de 1926, soit...29 ans avant.

EPILOGUE: Quelques jours après Noël, j'achetai mon premier disque 33 tours intitulé "SATCH PLAY FATS" ( L.ARMSTRONG interprète FATS WALLER) qui trônait dans la vitrine de la boutique d'Electro-Ménager ELECTRO CHARLES, rue Haute d'Orléans, juste avant la Porte de CANASTEL ( fief de René) et en face du Bar RODRIGUEZ, dont je garde encore en mémoire et en bouche le goût des KEMIAS avec ses MELSAS,"TRAMOUSSOS" et autres succulentes BROCHETTES grillées qui "attendaient les clients" en provenance des différents stades alentour après les compétitions sportives du Dimanche matin ou après-midi, et qui consultaient et commentaient depuis le comptoir avec force Anisettes, gesticulations, voire vociférations, les résultats des différents matchs de la journée......

Joyeux Noël !

R.MATEO

Petits modèles… mais grand cadeau - René Montaner

vendredi 7 décembre 2012 à 15h07

Petits modèles… mais grand cadeau - René Montaner

(Conte de Noël 2012 de René Montaner)

Petits modèles… mais grand cadeau
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En lisant le petit conte que voici…je présume que nombreux seront ceux qui, à sa lecture vont, à leur tour, se souvenir d’avoir reçu le même cadeau de Noël …lorsqu’ils étaient enfants.

Il était donc, une fois…un petit garçon de 10 ans qui se prénommait René (évidemment !) et qui habitait avec ses parents et son frère Guy, son ainé de 2 ans, dans un immeuble situé au 1 rampe de Madrid…c’est-à-dire autour de la célèbre petite place Kléber de la Marine Oranaise.

L’année 1950 qui se terminait, était plus ou moins considérée à l’époque, comme celle qui annonçait la sortie de la longue crise économique et sociale que nous venions de traverser, juste après la fin de la 2ème guerre mondiale.

Mon père qui était alors employé au CFA (Chemins de Fer Algériens) comme brigadier de manœuvre et de manutention à la gare marchandises d’Oran-Marine, voulut rompre avec la tradition qui, à Noël, n’accordait aux enfants des familles modestes que de beaux habits tout neuf !

Pour ce Noël 1950, il réussit donc à convaincre ma mère que le temps des vaches maigres était plus ou moins révolu et qu’il fallait cette fois-ci, faire un vrai cadeau de Noël aux enfants.
Pour éviter de trop puiser dans les maigres économies de la famille, l’idée lui vint de choisir un unique cadeau pour les deux garçons.

Alors, il décida d’acheter pour Guy et pour Moi…devinez quoi ?

Auteur : René Montaner