La Marine oranaise est en deuil et nos coeurs sont en berne, à l'annonce de la disparition de
Jeanine Bru-Cavaillé,soeur aînée de notre ami Jo du Nautic.
Chacun d'entre nous savait déjà combien la longue et cruelle maladie d'Alzheimer l'avait diminuée et privée de cette mémoire exceptionnelle qui, pendant longtemps avait fait référence lors de nos rencontres et autres réunions oranaises.
Jeanine,c'était aussi un beau sourire ,des yeux un brin rieur,un brin moqueur ou plutôt malicieux qui laissaient deviner une âme sensible,dans une personnalité toute en douceur. Le timbre de sa voix ainsi que celui de ses éclats de rire n'étaient pas sans nous rappeler certaines actrices du cinéma italien de la grande époque.
Son physique ,faut-il l'avouer, complexait quelque peu ,les petits gars de la Marine qui n'osaient pas trop l'aborder,laissant ainsi le champ libre aux beaux garçons venus d'ailleurs...ce qui fit le bonheur d'un certain Cavaillé de son prénom Guy , « pato montalbanais » qui devint son mari pour la vie...et Dieu sait qu'ils formaient un très beau couple.
Ainsi donc,et au fil du temps et de la vie, Jeanine devint non seulement une épouse, une maman, une mamie et une soeur adorée mais aussi,une amie chère et une parfaite confidente pour beaucoup de jeunes femmes du quartier qui avaient besoin de soutien. Vous aurez alors compris pourquoi ,elle était au secret de toutes ces petites histoires de coeur qui se racontaient sur les bancs ou le muret de la Réplacette où encore sous le porche du « Petit-Pont » et qui faisaient les délices des langues les plus fines pour ne pas dire les plus pointues du quartier.
D'aucuns se souviennent encore de la complicité qu'elle entretenait avec Jocelyne,l'une de ses meilleures amies de jeunesse, avec laquelle elle aimait à s'installer dans un angle ,le plus panoramique qui soit à l'intérieur du café Nautic ,afin de voir défiler à l'extérieur ,sur le trottoir la jeunesse du quartier ; c'était alors,une sacrée partie de rigolade lorsqu'il s'agissait de classer les « beaux gosses » ou les « féos » et peu nombreux étaient ceux qui trouvaient grâce à leurs yeux complices,connaisseurs et rieurs.
Enfin ,est-il besoin de rappeler comment, chaque année, lorsque nous la retrouvions à Nîmes ,au sanctuaire de la vierge de Santa Cruz, elle nous régalait de ses délicieux petits mantécaos dont la recette était tenue secrète et ne se transmettait que de Mère en fille durant une journée précise du calendrier religieux.
Ces petits gâteaux qui ne circulaient qu'au moment du dessert,étaient vite pris d'assaut et nous aurions tant aimé qu'ils puissent se multiplier ...comme des petits pains,car nous en connaissions plus d'une ou plus d'un, qui auraient cher payé le droit d'en avoir, au moins un !
Alors Chère Jeanine ,en ce jour de tristesse mais aussi de souvenirs et de mémoire collective,que tes enfants, petits-enfants ,ainsi que toute ta famille et tes amis, soient assurés de notre peine la plus profond et de notre compassion fraternelle.
Avant de se quitter,un dernier regard vers toi Jeanine, pour te dire combien nous avons été heureux de te connaître , d'être nés comme toi,dans une ville et un port qu'on ne peut oublier et d'avoir grandi ,dans un quartier merveilleux d'où l'on pouvait apercevoir la Mer d'un côté et la colline de Santa Cruz de l'autre.
C'est là haut précisément que se trouvait cette vierge de Santa Cruz que tu as priée sur tous les tons et sous tous les cieux… Notre dernière phrase sera celle que nous récitions ensemble ,dans cette petite chapelle du patronage Don Bosco de la rue de L'Arsenal où , en s'adressant au Père éternel nous lui disions… « ...dites seulement une parole,et nôtre âme sera guérie... » A Vous Toutes et Tous ,nos plus sincères condoléances et notre peine la plus profonde.
Texte de Guy et René Montaner Photo avec : Michel,René,Guy et Jeanine, Pierrette