Faire son chemin… R.MONTANER


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Cet article a été publié le 06/11/2020 à 17h28 par Bruno Carbajal et a été consulté 372 fois.

Faire son chemin…



Ce n'est un secret pour personne que de rappeler que notre ami

Émile dit « Tchoumino » était un grand amateur de coquille qu'il

s'en allait chercher du côté de St Jacques de Compostelle et que

fort de ses 5 « compostella » diplôme du pèlerin , il était sans

aucun doute,le plus « titré » d'entre nous en matière de longues

marches mystiques sur le fameux « camino francés ».



Le voici donc aujourd'hui, arrivé au bout du chemin de sa vie .

Ce chemin , nous l'avons commencé ensemble dans les rues et

ruelles de notre quartier de La Marine oranaise ,dans la cour et sur

les bancs de classe de l'école Emerat, dans la cour du patro de la

rue de l'Arsenal ,sur les sentiers qui nous conduisaient déjà sur la

colline de Santa Cruz.



Enfant,je me souviens de lui comme un chenapan qui était

toujours en train de taquiner et de rigoler et ,avec sa gouaille ,il

était en quelque sorte « le Gavroche ! » du quartier » quant à la

course à pieds ,il n'était pas le dernier de la bande, bien au

contraire.



Lorsque nous nous sommes revus à Hyères pour notre premier

rassemblement sous la banière de L'Aeemo, j'ai découvert alors

un homme pèlerin capable de vous parler durant des heures des

anecdotes et autres aventures qu'il avait connues au cours de ses

longues marches vers St Jacques.

Je me souviens en particulier de deux ou trois anecdotes qu'il

racontait.



La première était celle où il fit la dure expérience de coucher une

nuit « au violon ! ».

En effet,il lui arriva de pénétrer dans une propriété ultra protégée

par des caméras de surveillance et quelques minutes après,il vit

débarquer la maréechaussée qui ne voulut rien entendre de ses

histoires de pèlerins égarés et qui le mirent « au trou » ! en attendant

de vérifier qu'il ne s'agissait pas d'un maraudeur ou d'un

cambrioleur.



La seconde anecdote fut à l'inverse , l'une des plus belles qu'il ait

connue car,ayant fait étape dans un monastère d'un ordre dont j'ai

oublié le nom, il y fut accueilli comme un frère et suprême

récompense ,le père supérieur lui confia le rôle de lecteur de

l'épître du premier office du matin à 5H !

Émile n'en dormit pas de la nuit et le lendemain matin ,il eut

toute les peines du monde à lire ,sans accrocher, le texte biblique

qu'il avait pourtant travaillé toute la sainte nuit...il mit çà sur le

compte de l'émotion car il ne cachât pas que sa vue s'était

troublée d'émotion.



Ensuite Emile parcourait le chemin, dans la plus pure tradition des

« Jacquets » c'est à dire en se mettant à la disposition des

personnes qui lui offraient le gîte et le couvert.

Il était capable de scier des bûches ,de bâtir un muret ,de tondre

des pelouses de casser des noix ! Et que sais-je encore.

Pour l'anecdote ,je crois me souvenir que lorsqu'il fit étape chez

Nicolas à Cournou,près de Cahors, il apprécia la table et respecta

la tradition en buvant un « chabrot » de vin vieux, au fond de

l'assiette de soupe de campagne qu'avait préparé , Viette ,

l'épouse de Nicolas ( qui nous a quitté l'an dernier) .

Pour les remercier,il proposa même à Viette de lui faire le

repassage du linge qui attendait dans la pièce voisine car ,disaitil

,j'ai l'habitude de le faire !



Alors et pour conclure,comment voulez vous que nous puissions

exprimer toute l'étendue de notre chagrin de voir Emile s'en aller

chercher sa dernière coquille.



A sa famille à ses proches à ses amis et à toutes celles et ceux qui

l'ont connu et aimé nous exprimons notre profonde affection et

leurs adressons nos plus sincères condoléances.

Salut à Toi, Emile, je t'assure que tu as su nous montrer le chemin et, un jour, à notre tour, nous mettrons nos pas dans les tiens pour essayer d'atteindre...l'inaccessible étoile, celle qui vient de s'allumer dans le ciel de Compostelle et où désormais tu résides...pour l'éternité.



Un copain d'enfance...René Montaner...de Montauban

René Montaner