Un peu d'histoire...
Récits du passé lointain
Une drôle de bataille
La « Bagarre de la Cressonnière »
Au titre de cette rubrique « un peu d’Histoire », il nous a paru intéressant de publier sur notre site l’extrait d’un article, paru sur la revue « L’Echo de l’Oranie » éditée par l’association Amités Oraniennes de la Cote d’Azur (AOCAZ) en septembre 2008, sous la plume de Mr Henri Martin, et ce, en accord avec les responsables de cette publication. Cet article porte en effet sur un fait survenu à Oran vers la fin du 19ème siècle, exactement en 1898 et impliquant notre cher quartier de La Marine. De quoi s’agit-il ? (extraits de l’article) : « Oran – 28 août 1898 – la Bataille de la Cressonnière. Cette bataille met aux prises deux quartiers de la ville qui s’opposent depuis toujours ; l’un, le quartier de La Marine, situé au pied du Murdjadjo, le second, celui de Carteaux, construit sur la colline du Monte Seco……….. Le différend porte sur le choix de l’implantation de la future gare de marchandises, projet devant assurer le développement économique local, avec création d’emplois pour la population du quartier élu. Et c’est ce point crucial qui va devenir la cause principale de la brouille entre ces deux quartiers……. Les décideurs avaient, parait-il, une préférence pour une implantation à La Marine entre l’usine Bastos et la place de la Perle; cette information fut rapportée par la fille du sous-préfet maritime qui fréquentait le fils du contremaître tonnelier des Ets Gay…….. Effectivement, en août 1898, la SNCFA, en accord avec les autorités, décide que la gare sera construite sur le port à quelques encablures du bassin Gaydon ; l’Echo d’Oran publie la nouvelle le 25 de dit mois. Dès dix heures, Carteaux, se considérant lésé, adresse une déclaration de guerre à la Marine ! ! ! ! Pour gagner du temps, la déclaration manuscrite est expédiée au lance-pierres. Le message échoue sur le minaret de la mosquée Sidi-el-Houari et le muezzin s’empresse de le livrer aux gens de la Marine. On bat le tambour et la « samboumba », les deux quartiers sont en ébullition et les préparatifs vont bon train. Tous les hommes valides de moins de 49 ans et les femmes de moins de 28 ans sont enrôlés…….Cette bataille s’annonce stratégique ; Carteaux pense profiter de sa position en altitude alors que la Marine espère profiter des vents dominants qui les pousseraient dans le dos pour faciliter l’ascension par la rampe Vales. Cependant, un terrain neutre sera imposé par tirage au sort ; ce dernier, effectué par la Miss 1897 détermine la date , soit le 28 août et le lieu, le ravin de la Cressonnière, terrain qui sera occupé plus tard par le collège de jeunes filles à hauteur du croisement de la rue d’Arzew et l’avenue de Tunis. (voir plan) Le jour J : la bataille est contrôlée par un comité de surveillance composé d’élus des deux quartiers, mais aussi complété par deux anciens officiers de l’infanterie mis à la retraite par anticipation pour avoir « utilisé des chameaux lors du marathon de Saïda à Tiaret l’année dernière !!! ». Puis on compte le représentant local de la SNCFA ainsi que le médecin général de l’hôpital d’Oran………Enfin, le comité est présidé par un élu de chaque quartier : pour la Marine, il s’agit de Mr Fouques-Dujardin et pour Carteaux, le choix s’est porté sur Mr Jean Gay. Le champ de bataille est délimité, puis divisé par un tracé irréprochable à la chaux de La Calère……L’ordre du début du combat est prévu à 11 h. ; la fin est programmée à 12 h 30. Chaque armée est composée de 33 hommes, soit 30 soldats et 3 officiers ; la Marine dispose sur le terrain 3 colonnes de 10 hommes alors que Carteaux de deux lignes de 15 par le travers du champ. Les soldats de la Marine sont armés de rames de pasteras en châtaigniers dérobées sur le chantier naval de la famille Ambrosino ; le fournisseur est le charpentier de marine Ortigoza. La colonne de gauche des hommes de Carteaux est armée de couvercles de barriques fabriquées en bois de chêne de la forêt deM’Sila et prêtés par la cave Gay ; celle de droite est équipée de mâts de lampadaires récupérés dans le stock des rebuts de la fonderie Ducros, lampadaires devant décorer la place Kléber et éclairer le parvis de la Préfecture…….. A 11 h, l’ordre de combattre est donné sur un air de « negro-sounbon » ; le branle-bas de combat fait dire à des témoins que l’affrontement ressemble à un abordage de corsaires français contre un galion espagnol dans la mer des Antilles du côté de l’île de la Tortue. Les soldats de la Marine agitent les rames dans l’espoir de blesser l’adversaire alors que ceux de Carteaux, mieux organisés, attaquent mats de lampadaire aux mains comme les lanciers du Bengale, tout en protégeant le porteur de bouclier en bois……. Après 1 h 30 de lutte, la bataille cesse faute de combattants. Le comité de surveillance jette l’éponge et ainsi s’achève la querelle. Les blessés sont évacués vers l’hôpital de campagne installé dans le casino de Canastel; le jury accorde le match nul. Lors du discours de clôture, les responsables du projet de la SNCFA s’engagent à créer des emplois réservés aux habitants de Carteaux. Ainsi, les frères ennemis travailleront ensemble pour améliorer les transports et les déplacements par le chemin de fer en Oranie……………………………………………………… ….……. ………………………………………………………………………… -Henri Martin -» Il va sans dire que ce récit, imaginaire, a le mérite de faire revivre des souvenirs d’anecdotes narrées par nos aïeux ou nos parents et de comprendre surtout les antagonismes pouvant exister entre les différents quartiers de la ville ; ces bagarres ou « peleas » ont jalonné notre jeunesse et adolescence, parfois rudes, mais jamais haineuses, encore moins assassines ; certes, les « bofetons » partaient très vite, les « trompazos ou bougnas» fusaient, les coups de boules étaient directs et ainsi la réputation de notre quartier, dits Bas-quartiers, se tissait d’années en années. Mais comment en être autrement à la lecture de cette « Bagarre de la Cressonnière » !!!!
Les espagnols à La Marine
( Après la conquete de l’algerie 1830, les espagnols reviennent pour y travailler « peche, agriculture… )
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